INTERVIEW : Florence Gaillet - Présidente de l'AB Argenteuil

Parmi les personnes qui œuvrent au développement de notre sport, Florence Gaillet fait figure d’exemple. Présidente de l’Académie de Billard d’Argenteuil, premier club d’Île de France avec 152 licenciés, elle a su motiver ses membres autour du projet du club, grâce à sa passion du billard et un fort tempérament. Portrait :

Florence, comment as-tu découvert le billard ?

« Ce fût par hasard, à l’âge de 18 ans, lorsque des amis m’ont amené jouer à la salle Wagram à Paris. La salle était agencée sur deux niveaux et j’ai commencé par jouer à l’étage supérieur, au billard américain. Et finalement, j’ai passé beaucoup de temps à regarder les bons joueurs de l’époque, qui pratiquaient le billard carambole au niveau inférieur. J’étais accro au billard !»

Depuis, quel a été ton parcours jusqu’au club d’Argenteuil ?

« À la fermeture de la salle Wagram, j’ai migré vers le club de Montigny, où j’ai occupé un emploi de serveuse. C’est là que j’ai été initiée à la compétition au billard américain. À l’issue de mon contrat, j’ai rejoint le club de Chambourcy avec mes coéquipiers, et ensuite Argenteuil. Après plusieurs années, je me suis présentée à la présidence du club, poste que j’occupe depuis 2015. »

Présente-nous le club.

« L’Académie de Billard d’Argenteuil existe depuis 1974. C’est un local municipal, logé gratuitement dans le sous-sol d’une l’école élémentaire. La mairie ne nous fait supporter aucune charge financière, ce qui est un atout considérable pour l’existence du club. Nous avons clôturé la saison 2018/2019 avec 152 licenciés, ce qui fait de nous le premier club d’Île de France, à un licencié de plus que le club de St Maur des Fossés. Nous avons également des membres qui sont licenciés dans un autre club et qui viennent jouer régulièrement. »

Comment expliques-tu la réussite du club ?

« La présence des 4 disciplines du billard joue un rôle essentiel dans le nombre des licenciés. Ajouté à cela un état d’esprit familial qui anime le club, avec beaucoup de pratiquants loisir et l’organisation d’événements tout au long de l’année. On se retrouve souvent pour des repas et notre compétition interne séduit beaucoup de joueurs. C’est un championnat intitulé « tour du monde » qui se joue au billard carambole, à handicaps, sur seize tournois tout au long de la saison, à tous les modes de jeux. Les joueurs de billards à poches y participent également. Il y a également l’organisation du téléthon chaque année, et le tournoi du soleil qui clôt la saison. C’est un tournoi sur deux jours le week-end, où l’on joue à toutes les disciplines et les joueurs d’autres clubs sont invités à y participer. Tout ceci est le travail de toute mon équipe, dont je suis simplement le chef d’orchestre... Je ne pourrais pas assurer la charge de travail toute seule, je n’en aurais ni le temps, ni l’énergie. »

Comment se passent les relations entre les pratiquants des différentes disciplines ?

« L’état d’esprit est excellent. On ne se considère pas comme des joueurs d’une seule discipline, mais comme des joueurs de billard au sens large du terme. La proximité des billards attire beaucoup de curiosité de la part des membres du club qui n’hésitent pas à essayer d’autres disciplines que leur favorite.  Le club est historiquement un club de billard carambole, et au début ils n’étaient pas habitués à cette mixité. Aujourd’hui, ils apprécient ce mélange, jusqu’à proposer de se séparer d’un billard carambole de 3,10m pour accueillir un snooker. »

Quelle part la formation occupe-t-elle dans les activités du club ?

« Nous avons une quinzaine d’animateurs dans le club, l’accueil et l’encadrement de la pratique occupent forcément une part importante. Je dirige l’école de billard car je suis titulaire du DFI (Diplôme fédéral d’initiateur). Pour les adultes, nous avons programmé un créneau par jour pour chaque discipline du billard, afin que chacun puisse tout essayer. Pour les enfants, nous leur avons réservé le mercredi après-midi. Nous avons d’ores et déjà, pour la saison 2019/2020, dix-sept jeunes inscrits et nous envisageons de dépasser la vingtaine. »

Quelle discipline préfèrent les jeunes ?

« Lorsqu’ils découvrent le billard, ils sont tentés de jouer aux billards à poches, mais nous les amenons au billard carambole, afin qu’ils apprennent les coups techniques qui leur permettent de diriger la bille blanche, sans se soucier de l’empoche. En utilisant des figures imposées, la réussite est quasi immédiate, ainsi que le plaisir du jeu. Avec cette méthode, les enfants qui fréquentent le club depuis quelque temps, ont autant de plaisir à jouer à toutes les disciplines. Il y a plusieurs façons de rendre attrayant le billard carambole. Nous pratiquons des jeux, comme la pétanque, le foot (avec des buts), et ils adorent aussi le 5 quilles. »

Comment attirez-vous les nouveaux adhérents, et notamment les jeunes ?

« Nous travaillons beaucoup lors du rendez-vous annuel « le forum des associations ». C’est une journée très importante pour nous. Il y a de nombreuses associations présentes et beaucoup de public. La mairie nous aide en prenant en charge la location de deux tables aménagées spécialement pour l’événement. Nous bénéficions d’un billard carambole et d’un billard américain, sur des formats plus petits que ceux que l’on trouve au club. Nous abordons le public en leur faisant essayer des coups de base simples et ludiques. Comme cela se déroule un samedi, nous les invitons ensuite le dimanche à venir découvrir le club. Être présent au forum est essentiel pour aller vers le public, et les accueillir dès le lendemain au club, permet de leur faire découvrir nos activités, mais aussi l’ambiance familiale qui y règne. »

Quels sont les projets du club ?

« Nous avons toujours prôné une politique d’ouverture vers tous les publics. Notre club est situé dans une zone de mixité sociale, avec un public qui subit un faible pouvoir d’achat. Nous ne voulons pas que les contraintes financières soient une trop grande barrière pour la pratique du billard, notamment les jeunes. Cette saison verra donc la mise en place d’un tarif spécifique pour les personnes à faibles revenus, grâce aux partenaires sociaux.

Le club va aussi subir quelques aménagements pour une mise aux normes envers l’accueil du public de personnes handicapées. »

Pour finir cette entrevue, peux-tu nous dire quels sont tes projets personnels ?

« Je vais vivre ma dernière saison en tant que présidente. Je l’ai annoncé depuis quelque temps. Je ne quitte pas le club, mais j’ai besoin de souffler un peu. Je n’ai plus joué au billard depuis un an. Ma fonction me prend beaucoup de mon temps libre, car quand je fais les choses, je ne veux pas les faire à moitié. D’autres responsables vont aussi démissionner et quelques postes seront donc à pourvoir lors des prochaines élections. Nous avons d’ores et déjà fait entrer de nouveaux membres au sein du comité directeur afin de leur montrer ce que nous avons fait, et que ce n’est pas un travail insurmontable. Avec cette démarche, nous souhaitons que la passation se déroule sereinement, dans les meilleures conditions possibles. »