Fédération Française de Billard
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Entretien avec Jérémy Bury, n°1 français au 3 bandes

Mise en ligne : 27-02-2025
Dernière mise à jour : 27-02-2025
Entretien avec Jérémy Bury, n°1 français au 3 bandes

Jérémy Bury entame aujourd'hui à 19h (heure française) la 1ère World Cup 3 bandes de l'année 2025 à Bogota en Colombie. À cette occasion, le n°1 français au billard carambole 3 bandes nous a accordé un entretien dans lequel il aborde différents sujets.

Parmi les thèmes abordés, Jérémy nous donne son ressenti sur ce tournoi à venir mais également un retour sur son année 2024, ses ambitions ou encore sa manière de gérer le rythme des compétitions aux quatre coins du monde. 

Entretien avec Jérémy Bury

  • Son objectif sur cette compétition

"Sur cette compétition, je suis un peu dans l’inconnu car je n’arrive pas dans les meilleures conditions physiques, l’entraînement n’a pas pu être optimal à cause de ça. Je suis quand même assez content de pouvoir jouer, de venir ici et participer au tournoi, c’est un motif de satisfaction mais c’est difficile pour moi d’avoir un objectif de résultat par rapport à mes blessures.

  • Sur l’engouement du billard en Colombie

L’effervescence ici autour du billard est incroyable, on dit même que c’est le 2e sport national après le football, ça joue énormément dans ce pays et on le ressent dans la salle de jeu. Pour l’instant on en est qu’aux phases qualificatives donc il n’y a pas énormément de monde dans les gradins, mais lors du tableau principal l’an dernier la salle était pleine avec une belle ambiance, notamment lorsqu’un colombien joue. On est loin des ambiances feutrées auxquelles nous sommes plus habitués, ça peut même être déstabilisant lorsqu’on est sur une table à côté d’un joueur colombien. À chaque coup réussi de sa part, le public exulte et cela peut arriver lorsqu’on est en pleine préparation de son propre coup donc il faut s’adapter mais c’est assez incroyable en tout cas ! Je pense qu’à partir de vendredi il va commencer à y avoir du monde.

Les tribunes lors de la précédente World Cup à Bogota en mars 2024 (Photo : Ton Smilde)

  • Sur les joueurs du circuit

Je sais que c’est une compétition extrêmement relevée, il y a encore plus de joueurs qu’avant qui sont capables de sortir des très gros matchs, une nouvelle génération et des pays qui poussent énormément : la Corée, le Vietnam ou encore la Turquie envoient de nombreux jeunes joueurs participer à de plus en plus de coupes du monde. Ces joueurs sont capables de faire de très grosses performances sur quelques tours.

Il y a des joueurs en pré-qualifs qui sont déjà à un niveau exceptionnel, tu peux perdre assez tôt dans la compétition. On le voit à chaque tournoi, des joueurs forts se font sortir prématurément, donc c’est très compliqué.

  • Ses ambitions sur les World Cup en 2025

L’objectif à chaque World Cup que je fais c’est d’aller le plus loin possible en ne s’interdisant pas d’aller jusqu’au bout.

Je suis sorti du top 14 donc je dois passer par la phase de qualifications qui est toujours difficile, ce sont des poules de 3, on n’a pas le droit à l’erreur. Si je passe ce tour j’entrerai dans le tableau à 32. Je ne peux pas me contenter de ça, évidemment pour moi l’objectif c’est au moins de sortir des 32, d’arriver en huitième de finale. Je sais qu’ensuite j’appréhende un peu mieux ce genre de matchs en K.O direct donc je sais qu’après tout est possible et je ne m’interdis rien.

Les premiers matchs sont décisifs également sur les sensations lorsqu’on est sur la table. Dans notre discipline on utilise beaucoup les bandes et lors de chaque déplacement les différences entre les billards sont parfois significatives donc si ton adversaire sent bien le matériel et rentre bien dans le match tu peux vite te retrouver en situation délicate.

Jérémy Bury lors de la World Cup à Veghel en octobre 2024 (Photo : Ton Smilde)

  • Retour sur l’année 2024

J’ai demandé en février 2024 d’être mis en disponibilité de mon poste d’inspecteur jeunesse et sports pour pouvoir me consacrer pleinement au billard pendant 2 ans afin de me lancer un nouveau défi et d'accorder davantage de temps à l'entraînement et à la préparation des compétitions. Les premiers mois de ce changement n’ont pas été faciles, nouveau rythme, remise en question complète et beaucoup de pression que je me suis mis à moi-même parce que d’une certaine manière je me suis imposé une sorte d’obligation de résultat. Quand tu deviens professionnel, tu te dis que tu es obligé de réussir et d’être plus fort. À cause de cette pression, les 6 premiers mois ont été compliqués. J’ai commencé à me sentir mieux à partir du mois d’août, la coupure estivale m’a fait du bien.

Je fais 5e place aux championnats du monde en septembre dernier, donc ça m’a bien relancé et la fin d’année 2024 a été plutôt bonne en termes de niveau de jeu et de moyenne, malheureusement ça ne s’est pas traduit en termes de résultats en allant loin dans les tournois. J’ai raté 1 ou 2 occasions mais je sentais qu’il y avait un vrai mieux, je pense être plutôt sur la bonne voie. Je suis un peu frustré de ne pas être au mieux sur cette compet car la technique était revenue.

Jérémy Bury aux championnats du monde 3 bandes 2024

  • Ses ambitions pour l’année 2025

On va voir ce que va donner 2025 et dans un premier temps cette compétition à Bogota, pour moi il ne faudra pas en tirer trop de conclusions parce que la préparation n’a pas pu être ce qu’elle aurait dû être mais après il y a de belles espérances pour cette année avec, je l’espère, des podiums. Et puis quand tu as déjà goûté une victoire sur une compétition internationale tu as envie de revivre ça. Des podiums ce serait bien, mais aussi et surtout aller chercher une victoire. C’est pour ça qu’on joue, dans notre carrière il y a quelques moments extraordinaires qui te permettent de passer outre tous les moments difficiles et les défaites amères que tu peux vivre.

Jérémy Bury lors de sa victoire en World Cup à Guri en 2016

  • Sur le rythme des déplacements

Je suis plutôt habitué à ce rythme, après on a des destinations comme la Colombie où ça fait 2 ans qu’on joue ici, on jouait rarement à l’ouest. Avant les États-Unis et la Colombie ce n’était pas régulier, donc les déplacements vers l’ouest c’est quelque chose qui est nouveau. Les déplacements vers l’est on a l’habitude avec la Corée et le Vietnam, ce sont de longs trajets. Il faut apprendre à gérer le décalage horaire, la restauration sur place, l’altitude aussi. Mine de rien, ici à Bogota on est à 2600 mètres, tu peux rapidement le ressentir. Sur moi je sens une petite incidence sur le cardio mais je sais qu’il y a des joueurs vraiment embêtés, qui se retrouvent essoufflés au moindre effort. Le déplacement sur place est un paramètre important aussi. Ici en Colombie, certains trajets courts peuvent prendre 1h, c’est une ville extrêmement embouteillée.

Bogota, Colombie

Toutes ces petites choses vont avoir un impact sur la performance, les gens ne se rendent pas forcément compte derrière leur écran parce qu’on voit juste ce qu’il se passe sur la table. Parfois un joueur passe à côté, ils ne comprennent pas, mais sur la performance de haut niveau il y a tellement de paramètres qui rentrent en ligne de compte. Tous ces détails optimisent tes chances d’être performant sur la table.

  • Sur l’aspect social lors de ses déplacements en compétition

Je suis dans le circuit depuis un moment, j’ai pu nouer des relations avec pas mal de joueurs internationaux. Quand j’ai commencé à jouer ces tournois, pendant très longtemps, j’étais le seul français à me déplacer donc j’ai appris à socialiser avec les joueurs d’autres pays. Par exemple il y a deux jours j’ai passé la journée avec Dick Jaspers (n°1 mondial ranking UMB), chez un colombien qui nous a accueilli chez lui avec sa table et on a pu s’entraîner 4h tous les deux, c’était vraiment sympa. C’est quelqu’un que je trouve extraordinaire, j’ai beaucoup de respect pour lui.

Dick Jaspers (Photo : Ton Smilde)

Après en Corée par exemple il y a énormément de salles de billard partout et très facilement accessibles, donc souvent on se retrouve dans les clubs et on joue ensemble, ça nous arrive régulièrement.

Pour ce qui est des français, ça dépend des compets et ça dépend des tours de jeu, quand je suis là et que je ne joue pas, je peux regarder les matchs par contre quand je commence à rentrer dans le championnat, on est forcément tenus par nos horaires de jeu donc on essaye de conjuguer notre préparation et le fait d’aller soutenir les copains. Il y a une bonne ambiance dans la team France c’est assez sympa, il commence à y avoir de plus en plus de français qui se déplacent dans les World Cup donc on passe du bon temps ensemble les uns avec les autres.

  • Sur la perspective de l’organisation d’une World Cup en France

Ce serait génial ! Jouer devant son public c’est super, c’est un évènement qui nourrit le sport et la discipline. On le voit, quand une fédération parvient à organiser un évènement international majeur dans son pays, ça crée un engouement, un enthousiasme. C’est aussi de la motivation pour les joueurs, pour les jeunes en particulier, donc oui ce serait génial qu’on puisse retrouver une World Cup en France."

Merci à Jérémy Bury pour sa disponibilité, la Fédération lui souhaite à lui et tous les autres français engagés une belle compétition ! 

Pour voir les matchs en direct de la World Cup de Bogota en Colombie, rendez-vous ici : https://billiards.sooplive.co.kr/

Le planning des matchs : https://files.umb-carom.org/Uploads/Results/314/C.%20Time%20Table.pdf

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